Wednesday, May 13, 2009

20 ans après Tian'an Men, la Chine rêve-t-elle de la Démocratie?


L'image de la résistance et du courage sur Tian'an Men avec ce manifestant, photographie de Stuart Franklin de Magnum, l'homme réussit à faire s'immobiliser une colonne de chars.

La trompeuse propagande chinoise n'y pourra rien. Même si ces jours-ci les victimes que célèbrent la Chine sont essentiellement les enfants tués dans le terrible séisme du Sichuan. Mais ailleurs dans le Sichuan, l'arrestation de Zhou Yongjun, passeport américain, 41 ans, ancien de Tian'an Men, succédant à sa longue arrestation, le prouve. Pékin s'inquiète de ce 20e anniversaire de Tian'an Men.

Il y a 20 ans, ce même jour, le 13 mai 1989 des centaines de jeune chinois démarrent les premières grèves de la faim sur la place Tian'an Men de Pékin radicalisant les premiers rassemblements qui ont eu leu depuis le 15 avril en mémoire de Hu Yaobang, Sec Gal du PCC décédé le même jour d'une crise cardiaque.

Nous suivions tout cela sur Pékin. Les manifestations ont démarré par des plaintes des étudiants sur leurs déplorables conditions de vie dans les universités avant de les voir aller critiquer ouvertement les autorités chinoises sur la "Place de la Paix Céleste". Exemple de VDO de l'époque http://tinyurl.com/q9kp5r

La Chine n'a pas été la seule à tromper son monde sur les événements sanglants de Pékin. Depuis 1986, depuis Pékin, nous sentions que la tension montait. Trop de différences, trop d'inégalités, trop d'injustices et de désespoir, trop vite. Les premières manifestations de Tian'an Men ont en effet commencé au printemps 86 avec des étudiants étrangers, certains boursiers, de quelques universités chinoises (proches de Haidian) se rendant sur Tian'an Men pour se plaindre des mauvaises conditions d'études et de vie. J'avais alors, comme mes autres voisins étrangers de Pékin, un balcon donnant pile sur les facultés de la jeunesse chinoise.

On a vu la suite, sanglante, honteuse, injustifiable.

Les Pékinois qui n'ont pas besoin qu'on leur montre comment massacrer leurs populations ont néanmoins été "aidé" maladroitement par des puissances étrangères de l'Occident et d'Asie, manipulant les manifestants, agitant les esprits, faisant miroiter des rêves aux gosses qui croyaient avec la Chine de l'ouverture, sous Hu Yaobang et Zhao Ziyang, que la Chine allait moderniser aussi son régime. Cela semblait naturel pour qui vivait les souvenirs impérissables de cette gigantesque fête de la créativité de 1984, 1985, 1986 dans tout Pékin où les artistes avaient toute liberté, vraiment toutes les libertés. Laissant des traces, certes des poussières de liberté, mais pas encore de cendres.

L'un des nombreux casse tête de ce drame parmi "d'autres" lors de ce printemps de Pékin 89 qui a vu des dirigeants du "gouvernement" de Deng Xiaoping faire tirer sans hésitation sur la jeunesse chinoise est de comprendre comment Pékin a été incapable de contrôler les excès et la violence qui s'en est suivie?

J'écris "d'autres" en raison de ces documents sur les violences commises par la troupe et... la foule se révoltant dans les premiers jours de juin contre les forces de sécurité. Lire: "Tiananmen Square, 1989 The Declassified History" (Click sur le titre pour accéder aux documents de la George Washington University)

20 ans...

Aujourd'hui, la RPC, "la Chine", ses gratte ciels orgueilleux et l'honneur de ses JO bien en mémoire, entre dans la grande bataille du commerce mondial, comme Tokyo le fit après 1964, et donc aussi de l'information, mais avec des rêves de géants. La Chine veut voir ses médias rivaliser avec la CNN, BBC, Reuters, ou le New York Times. La Chine se lance, impériale, dans la conquête des esprits avec sa CCTV, Global Times (People's Daily) ou l'agence Xinhua pour (ré)-écrire l'histoire.

C'est beaucoup plus sérieux qu'on ne pourrait le croire depuis Times Square ou les bords de la Seine. L'intention serait pieuse si l'on en connaissait les motifs et avoir la garantie que ces nouveaux géants chinois de la presse ne seront pas que des colosses aux pieds d'argiles comme ces géants effrayants qui défendent les portes des temples bouddhistes d'Asie.

Horrifiants mais... immobiles!

20 années passés depuis ce massacre de Tian'an Men dont les images ont fait le tour du monde. Il est encore difficile de convaincre les esprits libres chinois, et ceux et celles trop affairés par le commerce et l'enrichissement, aveuglés par un nationalisme trop souvent agressif, de regarder en face librement. Il sera encore moins aisé de voir poindre dans l'esprit de ces étranges dirigeants chinois, ce qui accompagne toute forme naturelle de développement et de maturité des esprits, ce qui a été nommé par un emprisonné de Deng Xiaoping, "la 5e modernisation chinoise", celle réclamée par Wei Jingsheng.

La seule et l'unique liberté: La Démocratie.

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