Avis de tempête nationaliste en mer de Chine !

Dimanche 19 août, des nationalistes japonais ont brièvement débarqué sur une des îles de l'archipel inhabité des Senkaku - Daioyu, provoquant la colère de Pékin qui a protesté et répété que le Japon devait cesser toute action portant atteinte à sa souveraineté territoriale. Le Japon et la Chine doivent bientôt célébrer le 40e anniversaire de la normalisation des relations diplomatiques. Elle seront ternies en cette année 2012.

"Officiellement, il n' y a pas de querelle territoriale, nous ne la reconnaissons pas, Takeshima est un territoire japonais" hurle Tokyo! Même refrain pour les îles Senkaku de mer de Chine, elle appartiennent au Japon. Tokyo monte au créneau! Pékin, Taiwan et Séoul ne l'entendent pas de cette oreille et multiplient les visites interdites et leurs gouvernements s'insurgent contre le Japon qu'ils accusent d'être manipulé par des minorités nationalistes nippones. Pourquoi un tel vent de colère déferle-t-il sur une région que l'on dit être en plein développement?

Cible? Le Japon est affaibli par son instabilité politique et l'opposition de sa population aux coûteuses réformes de ses finances publiques. Tokyo est  empêtré dans ses contradictions de l'après Fukushima et le désaveu de sa population hostile au nucléaire. Tokyo renâcle dans ses relations stratégiques avec les USA, le dossier des Osprey par exemple. Le Japon souffre d'un mal : il est indécis et démotivé. Dans ce contexte, les japonais sont une cible facile des critiques des nationalistes de l'archipel mais aussi pour les chinois et les coréens sur les territoires insulaires disputés. Les liens entre Chine Corée Japon ne sont que des ponts de papier. Au coeur des conflits, n'est ce pas l'absence d'identité et de valeur communes en Asie de l'Est?

Les mini batailles navales livrées pour quelques îles perdues, riches en ressources halieutiques et en hydrocarbures des mers de Chine, attirent chaque année les coups de projecteurs des médias asiatiques et occidentaux, rapportant les faits dans leur parfaite exactitude. Pourtant quelle n'a pas été ma surprise l'autre jour en écoutant un "expert", présenté comme tel, disant une grosse bêtise sur une chaîne TV d'information "Voix et Yeux de la France." Un rédacteur du "Monde Chinois" estimait que "le Japon ne s'est pas excusé pour les horreurs de la colonisation et de la seconde guerre mondiale". Ce monsieur en réalité rabâche la propagande chinoise et ce que des prêts-à-penser déversent sans trop savoir de quoi est fait l'archipel nippon, archipel lui-même assez peu doué en "global communication", en communication avec le monde extérieur. 

En réalité, le Japon passe son temps à s'excuser! Je l'ai lu vu et entendu 30, 40, 50 fois depuis 20 ans. Tous les médias d'outre-mer et même du Japon ne cessent de l'imprimer en se moquant du Japon qui se courbe plus encore chaque année le 15 août, sous les critiques des anciennes colonies asiatiques. J'imagine avec surprise la réaction des français si tous les anciens pays colonisés par la France, obligeaient Paris à courber la tête chaque année pour les milliers de morts, spoliés et tourmentés d'Indochine, d'Afrique du Proche-Orient et continuaient d'exiger des compensations financières pour des crimes datant de la colonisation.

Le Japon s'est prononcé si souvent avec tant d'excuses au point que cela devenait répétitif de la part de Tokyo, l'Empereur Akihito en tête l'a fait chaque année, et il l'a encore fait le 15 Août dernier au Budokan de Kudanshita. Je ne vais pas entrer dans les complexités linguistiques sur "Shazai, Oyabi". Et j'ai travaillé des années durant sur la période de colonisation et de guerre du Pacifique avec des collègues écrivains américains, "I did my homework" comme l'on dit en anglais. J'ai pris la mesure des horreurs commises dans les guerres coloniales au nom de la pacification. Peace-keeping dit-on aujourd'hui?

Sur ces îles perdues des Senkaku en mer de Chine et en mer du Japon (Mer de l'Est en Corée), la réalité est simple, le règlement de ces litiges territoriaux demeure difficile car aucune des parties n'admet avoir de querelle territoriale. Le Japon considère que les Senkaku - Diaoyu (en chinois) et Takeshima - Dokdo (en coréen) sont japonais, la Corée du sud considère que Takeshima Dokdo est terre coréenne et la Chine considère que les Senkaku-Diaoyu lui appartiennent!

Pour l'essentiel, les querelles nationalistes asiatiques éclatent avec récurrence chaque été en hommage aux victimes de la guerre, et aux dates anniversaires de la fin de la seconde guerre mondiale. Je l'ai vu en Chine, en Corée du sud et au Japon depuis 20 ans. 15 août, reddition du Japon. Chacun y va de son attaque 67 ans après, car le traumatisme des horreurs japonaises ne s'est pas effacé, et même si les générations se succèdent, les rappeler permet un devoir de mémoire, est l'occasion pour de nouvelles revendications, corrections historiques, financières, territoriales, même si tout a été scellé, avec beaucoup d'imperfection, par le Traité de San Francisco ou "Traité de paix avec le Japon" le 8 septembre 1951. 

Depuis, les nations d'Asie de l'Est et du Sud Est se battent pour sortir du sous-développement colonial de l'immédiate après guerre, après leurs sanglantes guerres civiles et haines internes, pour ouvrir leurs portes au commerce mondial et recueillir les fruits de leurs investissements. Corée du sud, Chine, Viêt-nam et pays d'Asie du Sud-Est ont des "desseins d'idées". Ces pays ont réussi et cultivent maintenant des ambitions nées des imperfections de l'histoire et de la géographie, des cartes souvent dessinées par d'autres puissances. Mais Pékin veut être la puissance régionale, elle seule et sans alliance extérieure, comme le Japon, la Corée du Sud ou Taiwan avec les USA, aussi les cartes tracées depuis la Chine font aujourd'hui peu de choses des frontières asiatiques ou d'îles abandonnées lorsqu'elles chevauchent les intérêts stratégiques de l'Empire du Milieu, définis comme le disent les experts par: "the entire continental shelf plus the EEZ" around these islands.

La suite demain: "Au-delà du nationalisme asiatique"

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