Monday, December 01, 2008

Thailande, la révolte... en douceur


Les rouges contre les jaunes... France 2 parle de football? Non, de troubles politiques à coups de grenades offensives en Thaïlande, et le ton employé est léger. La Thaïlande à travers le prisme déformé des Parisiens, c'est surtout des plages et des filles aux yeux en amandes, alignées comme des langoustes grillées dans un palace à rabais.

Une crise de régime? Non... simplement des problèmes d'attentes pour des touristes qui rigolent... et visiblement pas un consul pour aider les pauvres vacanciers, plantés sur leur sac à dos Louis Vuitton à l'aéroport, un peu paumés.

Les 51 blessés Thai d'avant-hier dont 4 gravement sont ignorés des analystes assis à Paris, pas même interviewés par des envoyés spéciaux vraiment de passage. Les hôpitaux sont fermés? La censure et les rafles des opposants, pas vu ni lu. J'ai rarement vu une telle insouciance dans le traitement d'une crise politique qui dure depuis des années et qui va au-delà du combat entre modernes et anciens. Elle a commencé après seconde guerre mondiale, s'est prolongée par des massacres comme celui de Thammasat en 1976, de l'hôtel Royal à Sanam Luang face au Grand Palace en 1991 etc.



La démocratie est garantie par le roi, dont on célébrera l'anniversaire le 5. Les militaires (comme Prem hier ou Chamlong (opposant) ou Anupong aujourd'hui) forment un équilibre précaire dans une société corrompue par les milieux d'affaires glauques ancrés dans le camp Thaksin, ancien colonel de police qui a reçu des oligarques sino-thai des pans entiers de l'économie Thai et des "licences" pour exploiter des firmes télécoms à la botte.

Thaksin a puisé amplement dans les caisses de ses entreprises, appuyé par l'oncle Sam jusqu'à ce qu'il devienne franchement infréquentable. Il a recu l'aide de ses anciens potes de la police (qui on le sait en Thaïlande a des liens sulfureux avec les trafics multiples...) puis du pouvoir Thai, pour transformer la société en clients de l'establishment "thai" moins soucieux de free trade et de modernité que de privilèges. Ses proches sont agrippés aujourd'hui au pouvoir à Bangkok comme des sangsues sur un baigneur imprudent des marais. Mais évidemment c'est encore et toujours plus compliqué si l'on entre dans les détails.

Cela dit, observation de reporteur: Etant donné la pauvreté de ce journalisme emprunté, piqué dans la forme aux papiers d'agences, factuels sans plus, sans odeur ni saveur, et aussi réducteurs que des bulles de dialogue dans une bande dessinée, c'est à se demander si la notion de "sources" est encore légitime dans le métier de journaliste. En revanche le correspondant de France 24 a Bangkok semble bien mieux informé et implanté. Il y a des jours, curieusement, l'on est naturellement pour la fusion (des forces) des rédactions des chaînes TV publiques françaises!


Chamlong Srimuang, à droite, ancien général, ancien Gouverneur de Bangkok, Bouddhiste, a la tête des opposants. Les Thai l'adorent

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