Sunday, November 21, 2010

Ombres et lumières japonaises



Automne, la métaphore de l'univers et de la vie humaine


Au Japon, les semaines qui viennent seront colorées, autour aussi... "Ici, le bruissement de la vie bat comme un coeur silencieux. Et à la pointe de cette symphonie réglée et orchestrée par le silence obscur, c’est la lumière d’automne qui émane et en-deçà, le silence intérieur. "La vraie lumière comme telle" décrite par Bashô rayonne et ruisselle. Et c’est le jeu des antagonismes entre lumière et ombre, murmures imperceptibles et silence pressentis qui est maître d’oeuvre."

Sur une branche morte
un corbeau s’est posé
crépuscule d’automne

Bashô


En Europe, Victor Hugo, lui, a dominé le 19è siècle de son oeuvre. Il s'est imposé comme "le théoricien et le chef de l'école romantique mais la haute conception qu'il se fait de sa mission d'écrivain l'a amené à s'engager dans l'action politique pour mettre son art et sa personne au service des hommes." Il a prouvé que s'il est un état qui réunit les esprits, c'est bien la poésie, et sa célébration de la culture, des cultures.

Dans son oeuvre, la diversité renforce le sentiment d'humanité en reconnaissant qu'il existe d'autres manières de voir le monde, sans nier l'humanité des autres cultures, et cela revient à reconnaître la subjectivité, la relativité. La diversité, dans le respect, apprend ainsi l'humilité et à réfléchir sur les volontés de toute-puissance. Exemple:

Les siècles sont au peuple
par Victor Hugo (1802-1885)
(In L'année terrible)

Les siècles sont au peuple ; eux, ils ont le moment,
Ils en usent. Ô lutte étrange ! Acharnement !
Chacun à grand bruit coupe une branche de l'arbre.
Là, des éclats d'airain, là, des éclats de marbre ;
La colonne romaine ainsi que l'arc français
Tombent. Que dirait-on de toi si tu faisais
Envoler ton lion de Saint-Marc, ô Venise !
L'histoire est balafrée et la gloire agonise.
Quoi qu'on puisse penser de la France d'hier,
De cette rude armée et de ce peuple fier,
Et de ce que ce siècle à son troisième lustre
Avait rêvé, tenté, voulu, c'était illustre.
Pourquoi l'effacement ? qu'a-t-on créé d'ailleurs
Pour les déshérités et pour les travailleurs ?
A-t-on fermé le bagne ? A-t-on ouvert l'école ?
On détruit Marengo, Lodi, Wagram, Arcole ;
A-t-on du moins fondé le droit universel ?
Le pauvre a-t-il le toit, le feu, le pain, le sel ?
A-t-on mis l'atelier, a-t-on mis la chaumière
Sous une immense loi de vie et de lumière ?
A-t-on déshonoré la guerre en renonçant
A l'effusion folle et sinistre du sang ?
A-t-on refait le code à l'image du juste ?
A-t-on bâti l'autel de la clémence auguste ?
A-t-on édifié le temple où la clarté
Se condense en raison et devient liberté ?
A-t-on doté l'enfant et délivré la femme ?
A-t-on planté dans l'homme, au plus profond de l'âme,
L'arbre du vrai, croissant de l'erreur qui décroît ?
Offre-t-on au progrès, toujours trop à l'étroit,
Quelque élargissement d'horizon et de route ?
Non ; des ruines ; rien. Soit. Quant à moi, je doute
Qu'on soit quitte pour dire au peuple murmurant :
Ce qu'on fait est petit, mais ce qu'on brise est grand.


Sources: Règles du haïku, Prose poétique,
La revue du haïku. poesies.net, Victor Hugo.info
poesie.webnet.fr

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